Modalités et objets de l’évaluation

Si les modalités d’évaluation sont nombreuses et diverses (Legendre, 2007), elles renvoient d’abord aux procédés de l’évaluation et correspondent au comment de l’évaluation (Scallon, 2015). En effet, elles peuvent être tantôt individuelle, tantôt collective, tantôt orale, écrite, physique; elles peuvent aussi prendre la forme d’autoévaluation, de coévaluation, d’évaluation par les pairs et pourraient être en classe ou à distance, synchrone ou asynchrone.

Pour Scallon (2015, p. 105), l’évaluation est davantage « subjective » lorsqu’elle porte sur l’évaluation des attitudes, des relations interpersonnelles ou des caractéristiques de personnalité. Il convient donc de rechercher des évaluations authentiques pour se rapprocher d’une situation réelle pour la personne étudiante. Les modalités ont aussi avantage à être flexibles et variées tout en respectant l’alignement pédagogique qui a été pensé dès le départ.

De plus, que ce soit dans une fonctionformative ou sommative, il est important pour les personnes enseignantes universitaires de recourir à des outils permettant de juger de la progression des apprentissages (Prégent, Bernard et Kozanitis, 2009), et ce, dans des contextes différents. Or, il faut tenir compte que plusieurs modalités présentent des limites. Il semble donc intéressant et pertinent d’utiliser des modalités d’évaluation diversifiées. Pour y arriver, on utilisera des formes d’évaluation comme l’examen, la présentation, la production, le projet ou le portfolio, le travail, etc. 

Objets de l’évaluation

Les objets d’évaluation correspondent au quoi de l’évaluation. Ils répondent à la question : Qu’est-ce que je veux évaluer ? Définis par les objectifs spécifiques d’apprentissage, ils viendront encadrer la collecte d’informations. Ils sont, en d’autres mots la manifestation observable des apprentissages. De plus, ils sont précisés par des critères et des indicateurs propres à la discipline et au contenu enseigné. 

Nous retrouvons une diversité d’objets d’évaluation tels que les connaissance (concepts, procédures, habiletés intellectuelles, techniques, stratégies, etc.), les compétences, les attitudes, les habiletés, les capacités, les interactions, les relations, les réflexions, les croyances, le processus-propos-produit, etc. Ils sont choisis parmi les apprentissages visés et requis dans le cadre d’un programme ou d’un cours (D’Amour, 1996, p. 55). 

Processus-propos-produit (PPP)

Parmi les objets de l’évaluation énumérés ci-haut, attardons-nous sur les PPP. Nous pouvons d’abord évaluer le produit ou le résultat. Cette réalisation concrète de l’étudiant·e qui démontre le résultat de ses apprentissages, peut prendre diverse forme : une production, une performance, une présentation, une dissertation, le résultat d’une expérience, une maquette, une œuvre, un texte, un test, le résultat d’un projet, etc. 

Nous pouvons aussi évaluer le processus qui a permis à l’étudiant·e de produire son résultat final. Ces traces permettent de suivre la progression des apprentissages des étudiant·es et enrichissent grandement le jugement de l’enseignant·e. Parmi ces traces, nous retrouvons la démarche, un réseau de concepts, un dossier d’étude, dossier de presse, un journal de bord, un portfolio, des cahiers de croquis, de schéma de principe, de laboratoire, etc. 

Finalement, nous pouvons aussi évaluer le propos ou encore le discours de l’étudiant·e, ce qui permet de nous assurer que ce dernier est bien porteur de ses apprentissages. Son discours, ses capacités à justifier ses choix, à cerner ses points forts et ses points faibles, ses habiletés métacognitives de même que son sens critique constituent les contours de ce troisième objet qu’un enseignant·e peut évaluer. L’évaluation du propos prendra tour à tour la forme d’une analyse réflexive, d’une critique, d’une justification, d’une discussion, d’un entretien, etc. 

Évaluer les « trois P » permet donc à l’enseignant·e de certifier de manière plus complète l’atteinte de la compétence ou d’un objectif du cours et ultimement la réussite du cours.  

Comment faire des choix éclairés ?

Une équipe de la TELUQ (Serge Gérin-Lajoie, Julie Beaupré, Julien Contamines, Marie-Hélène Hébert et Karine Paquette-Côté) propose un procédurier qui s’appuie sur 20 questions clés (PDF, 164 Ko).

Types d’activités d’évaluation

Activités d’évaluationExemplesPréparationCorrection
Examen, test– QCM;
– questions à développement;
– listes de vérification, etc.
⏳⏳⏳Variable
Travail pratique– Exercices;
– recherches;
– résolutions de problème;
– fiches de lecture, labos;
– cartes conceptuelles;
– mises en situation, etc.
Variable⏳⏳⏳
Travail écrit– Recensions;
– résumés, rapports;
– recherches, portfolios;
– rédaction de textes;
– journaux, analyses réflexives, etc.
⏳⏳⏳
Situation authentique– Stages, examens cliniques;
– approches par projets/problèmes;
– études de cas;
– créations d’œuvres, performances;
– simulations, jeux sérieux, etc.
⏳⏳⏳⏳⏳⏳
Activité collaborative– Plénières, séminaires;
– discussions, débats;
– évaluations par les pairs, etc.
Communication– Présentations orales;
– présentations par affiches;
– blogues, infographies;
– capsules vidéo, entrevues, etc.
⏳⏳

Défis étudiants à considérer :

  • Difficultés d’expression écrite
  • Parents ou proches aidant·es
  • Absence ou problèmes de connexion
  • Étudiant·es non francophones
  • Étudiant·es anxieus·es

Adaptations inclusives possibles :

Allonger les délais de remise sur plusieurs jours (mention incomplet, note S/E au besoin)
✂️Fractionner le travail à remettre
🤝Créer une ambiance respectueuse et ouverte dans les sessions synchrones
🎬 / 🎧Accepter les remises sous forme d’enregistrements audio ou vidéo

Grille d’évaluation

La grille d’évaluation est un outil permettant de situer une performance par rapport à des objectifs attendus et annoncés. Entre autres, elle permet à l’enseignant·e :

⚖️d’augmenter l’impartialité de son jugement avec une analyse transparente et systématique de données observables
💡de donner une rétroaction claire et formative à l’étudiant·e

Références et ressources

D’Amour, C. (1996). L’évaluation des apprentissages au collégial : du cours au programme, Fascicule II. Cadre de référence. Performa collégial, avril 1996 

DAMOURS, Gabriel. Les grilles d’évaluation

Guy, H. (2004). L’évaluation des apprentissages, trousse 8. Carrefour de la réussite au collégial. 

Legendre, M.-F. (2007). L’évaluation des compétences professionnelles. Dans L. M. Bélair, C. Lebel, N. Sorin, A. Roy et L. Lafortune (dir.), Régulation et évaluation des compétences en enseignement (p. 169-180). Québec, Québec : Presses de l’Université du Québec.

Nizet, I., Leroux, J. L., Deaudelin, C., Béland, S. et Goulet, J. (2016). Bilan de pratiques évaluatives des apprentissages à distance en contexte de formation universitaire. Revue internationale de pédagogie de l’enseignement supérieur, 32(2), 1-24. 

Prégent Richard, Bernard, H., & Kozanitis, A. (2009). Enseigner à l’université dans une approche-programme : guide à l’intention des nouveaux professeurs et chargés de cours. Presses internationales Polytechnique.

Romainville, M., Goasgoué, R. & Vantourout, M. (2013). Évaluation et enseignement supérieur. Bruxelles (Belgique) : De Boeck. 

Savard, L. (2007). L’évaluation des apprentissages. Groupe d’animation pédagogique. https://cchic.ca/fichiers/capsule_levaluation_des_apprentissages.pdf (PDF, 776 Ko)

Scallon, G. (2015). Des savoirs aux compétences : Explorations en évaluation des apprentissages. Montréal : Éditions du Renouveau Pédagogique 

Wiggins, G. P. (1998). Educative assessment : designing assessments to inform and improve student performance (Ser. The jossey-bass education series). Jossey-Bass.

VOHL(2006). La grille d’évaluation descriptive: un outil précieux en contexte d’enseignement à distance. Université de Montréal.