Posture de la personne enseignante-évaluatrice
Les personnes enseignantes ont des a priori ; les personnes évaluatrices aussi. Les croyances, les conceptions, les habiletés et compétences, les choix, le vécu et les connaissances forment la personne qui évalue.
Jorro (2000) a décrit quatre postures qu’une personne qui évalue peut prendre :
La contrôleuse, le contrôleur
La personne enseignante transmet le savoir de façon surtout magistrale et installe des procédures à tendance répétitive en donnant des exercices. Elle mesure les réponses du produit fini. Elle fournit une note et rend les verdicts. Elle prépare des contrôles parfois plus complexes que les exercices. Elle peut répartir les notes selon la logique de la courbe de Gauss. Elle annote le produit de façon stéréotypée, généralisante ou laconique, sur un mode parfois véhément (ratures). Elle valorise les meilleures notes et tient le discours de l’effort, de la réussite et du dépassement de soi.
La pisteuse-talonneuse, le pisteur-talonneur
La personne enseignante découpe le savoir en unités d’enseignement, établit une progression en allant du simple au complexe et détermine des objectifs globaux, intermédiaires ou spécifiques. Elle contrôle les connaissances préalables et antérieures lors d’évaluations diagnostiques. Elle contrôle en continu les acquisitions des étudiants sur des cycles courts. Elle organise la remédiation autour d’exercices et installe des entrainements dans l’apprentissage. Elle possède une cartographie des erreurs et utilise un corrigé type. Elle tient le discours de la répétition, de la révision, de l’effort et de la persévérance.
La conseillère, le conseiller
La personne enseignante privilégie la situation d’apprentissage à la situation d’enseignement. Elle utilise l’évaluation pour réguler l’apprentissage à l’aide de tâches complexes qui permettent la construction des compétences et qui placent les étudiants dans un processus d’appropriation des savoirs et d’établissement de liens entre les savoirs. Elle valorise la résolution de problèmes, s’intéressant aux démarches et aux stratégies ; elle n’attend donc pas le produit final. Elle négocie les critères d’évaluation avec la classe. Elle incite à l’autoévaluation. Elle considère l’erreur comme une information utile à l’apprentissage et valorise les réussites. Elle différencie le parcours de chacun des étudiants et individualise ses conseils. Elle révise régulièrement sa pratique enseignante et évaluative.
La consultante, le consultant
La personne instaure une communauté d’apprentissage dans sa classe. Il stimule le questionnement chez les étudiants et privilégie l’écoute. Il tient compte des désirs, des craintes et des demandes des étudiants ; il s’intéresse à leur relation au monde. Il s’intéresse aux savoirs antérieurs et vise à donner du sens aux apprentissages. Il partage l’accès à la réflexion, la sienne et celle des pairs. Il est soucieux de rester en retrait dans l’émergence du sens. Il réussit à mettre en œuvre une conception de l’évaluation qui favorise les apprentissages, malgré les écueils de la tradition scolaire privilégiant les résultats et la compétitivité.
Ressources
Jorro, A. (2000). L’enseignant et l’évaluation. De Boeck.